Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/231

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en l’affection qu’il a portée aux autres beautez, deviendra sans doute constant a ce coup, si pour le moins la perfection de la beauté a puissance de le faire. Et quant à moy, je le crois, puis que ne voyant rien de mieux en quelque autre lieu où il puisse aller, s’il a de la raison, û sera contraint de s’arrester icy. – C’est à moy de respondre, dit Phillis, car Hylas est mon serviteur ; et toutesfois je ne respondray pas de sa fidelité, puis que, regardant vostre visage qu il a ayme, et depuis cessé d’aimer, je tiens que ce n’est pas la beauté qui le rend amoureux. – Et que pourroit-ce donc estre ? interrompit Hylas – Une imprudente humeur de changer, respondit Florice, et une certaine legereté d’esprit, qui ne le laisse jamais vingt quatre heures en mesme opinion. – Vous estes partie, repliqua Hylas, le jugement que vous, en faictes, est suspect. – Je vous asseure, respondit-elle, que si vous croyez que je sois partie offensée, je vous remets librement l’injure, puis que je suis beaucoup plus obligée à vostre changement que je n’eusse receu de satisfaction de vostre constance. Et si vous me dites partie pour pretendre quelque chose en vous, croyez, Hylas, que je quitte de bon cœur ma prétention à qui la voudra, et qu’il m’obligera plus en la rece­vant, que je ne penseray de luy avoir fait de l’avantage en luy faisant cette donation. – Vous avez raison, respondit Hylas a moitié en colere, de faire de