Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/246

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n’eust jamais eu la hardiesse de luy declarer son affection, encor qu’elle fust si juste, et si pleine d’honnesteté, ne tendant qu’à l’espouser, qu’il penseroit bien qu’autre qu’elle ne s’en sçauroit offenser. – A la verité, luy respondit-elle, vous avez un fort bon amy en Hylas, et vous le devez croire tel, et le conserver par tous les moyens qui vous seront possibles, y ayant plus d’un mois que continuellement il me parle de vous. Vous entendrez par luy que je ne suis pas si mécognoissante que vous m’estimez, et que je sçay bien qu’une personne de vostre merite oblige une fille, quand il la recherche avec le dessein que vostre amy m’a asseure que vous avez. Cela estant, vous devez croire que je vivray avec vous, comme le requiert une si honneste affection ; mais je seray tres-aise que Hylas soit tesmoin de tout ce qui se passera entre nous, afin qu’il condamne celuy qui aura le tort.

J’abregeray ce discours, ma belle Phillis, parce que si je me voulois autant arrester en tous les autres, il faudroit un siecle pour vous redire les accidens qui me sont arrivez.

Sçachez donc que depuis ce jour, voilà Clorian tellement em­barqué, qu’il n’y avoit point de moyen de l’en retirer. Et parce que les parens commencerent de s’en prendre garde, il fallut que je fisse entendre à la mere, que Clorian avoit dessein de l’espouser et