Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/284

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d’autant que le bruict commun de cette affection estoit trop grand. Cela fut cause qu’un jour elle m’en parla avec quelque sorte d’alteration, et moy qui veritablement l’aimois, luy juray tout ce qu’elle voulut : que ce n’estoit que son commandement qui me faisoit voir Dorinde ; qu’à la verité, estant aupres d’elle, je luy faisois expressément paroistre toute la bonne volonté qu’il m’estoit possible, à fin que le dessein que nous avions, fut mieux couvert ; que si elle trouvoit bon que je ne la visse plus, elle m’eviteroit une grande courvée, et si elle se regardoit en son miroir, et qu’apres, elle daignast jetter les yeux sur Dorinde, ceste veue l’asseureroit plus que toutes mes paroles. Bref, je luy en sceus tant dire qu’en fin je la remis en bonne opinion de moy ; si falut-il toutesfois luy promettre que je luy donnerois toutes les lettres que Dorinde m’escrivoit. Voyez-vous, me dit-elle, ne me promettez point une chose que vous ne me vueillez tenir ; car ce seroit me perdre du tout, si je venois à recognoistre quelque manquement de parole. – Jamais, luy dis-je, je ne contreviendray à chose que je promette à qui que ce soit, mais moins à Florice, qu’à tous les dieux ensemble.

Nous voilà donc remis mieux que nous n’avions point esté. Et parce que veritablement je n’avois