Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/318

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bon moyen pour apprendre de mes nouvelles. Elle commença donc de faire cas de luy, et luy montrer meilleur visage, que de coustume, et peu à peu fit semblant de l’aymer d’avantage, et alloit ainsi tousjours augmentant de jour à autre. Dequoy Periandre avoit tant de contentement qu’il ne bougeoit presque d’aupres d’elle. Ayant vescu quelque temps avec luy de ceste sorte, elle luy fit entendre le tromperie dont j’avois usé en mettant mon portrait dans le miroir ; et à fin qu’il n’en peust douter, elle fit venir la femme qui le luy avoit porté. Bref elle luy fit ce conte tant à mon desadvantage qu’elle refroidit en partie l’amitié qu’il me souloit porter, et cela en dessein d’avoir par son moyen quelque lettre de celles que Florice m’escrivoit. Et pour ce, continuant son discours : Il est, luy disoit-elle, entierement à Florice, mais jusques à ce que quelque autre luy passera devant les yeux. Car c’est bien le plus trompeur, et le plus volage qui fut jamais. Mais , luy disoit-elle, en luy tenant la main entre les siennes, me voulez-vous faire un extréme plaisir ? Et luy ayant respondu qu’il n’y avoit rien qu’il ne fist pour son service, elle le luy fit jurer ; et puis continua : Vous sçavez que Florice et moy sommes amies et alliées. Je ne sçaurois croire qu’elle l’ayme. Je vous supplie, dites-moy ce que vous en sçavez. – Desabusez-vous de cela (luy dit-il) je vous asseure qu’elle l’ayme, et qu’il ne se passe jour qu’elle ne luy escrive. –