Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/323

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C’est la plus cruelle ennemie que tu auras jamais, qui t’escrit maintenant, pour t’avertir que ny Dorinde, ny toy, n’avez eu assez de meschancetez pour la faire mourir, et que le Ciel me laissera assez de vie pour me vanger de tous deux. Cependant, oublie mon nom, comme tu as perdu le souvenir des faveurs que je t’ay faites.

O dieux ! que devins-je ayant leu cette lettre ! et en quelle confusion de pensées me trouvay-je, ne pouvant deviner pourquoy Florice m’escrivoit de cette sorte ? Je passay cette nuict en me promenant par la chambre et soudain qu’il fut jour, j’envoyay un des miens pour faire en sorte que je peusse parler à celle qui m’avoit donné la lettre, me je ne le peus de tout le jour. Le soir estant venu, j’appris d’elle tout ce que je viens de vous dire, et l’opinion que Florice avoit que j’eusse donné ceste lettre à Dorinde, qui luy faisoit croire que j’avois feint lors que je m’estois retiré de l’amitié de Dorinde, et que ç’avoit esté seulement pour l’abuser. Je cherchay incontinent