Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/327

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LE
CINQUIESME LIVRE
DE LA SECONDE
Partie d’Astrée.


Astrée eust bien plaisir au discours de Hylas, si c’eust esté en un autre saison ; mais le desir extreme qu’elle avoit d’estre au lieu de Silvandre avoit trouvé la lettre de Celadon luy faisoit souffrir avec impatience tout ce qui l’en destournoit. Cela fut cause qu’à la premiere occasion qui se presenta, elle fit signe à Phillis qu’il estoit temps de s’en aller, et que le sejour luy estoit ennuyeux ; et voyant que sa compagne ne l’entendoit pas, lors qu’elle vit que Hylas s’arrestoit pour songer un peu à ce qu’il avoit à dire de Criseide, et monstroit d’en vouloir continuer le discours, elle le prevint, avec telles parolles : Je n’eusse jamais pensé que la beauté de Phillis eust eu tant de puissance sur le plus libre esprit qui fut jamais, que de le retenir en un discours plus