Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/515

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les doigts ensemble, laissoit aller ses bras nonchalamment sur ses cuisses : Tu estois encor trop heureux, disoit-il, ô Celadon ! en cette miserable vie, ayant ces heureux temoignages de ta felicité passée ; il ne faloit pas que, la volonté d’Astrée estant de te combler de toute sorte d’infortune., ces cheres et douces memoires contrevinssent à ce qu’elle avoit resolu. Console-toy donc en ta perte, et remercie le Ciel qui se rend si conforme à la volonté de ta bergere, qu’elle-mesme ne le sçauroit desirer d’avantage, et fay paroistre qu’il n’y a rigueur d’elle, ny force du Ciel qui t’en lasse, ny qui t’en separe jamais. Aussi ne faloit-il pas que pour te rendre affligé de toute espece de malheur, tu perdisses toute espece de consolation.

Cependant Leonide, bien ayse de son larcin, s’estant à grand pas esloignée de ce berger,.toute curieuse alloit ouvrant les nœuds du petit sac, et voyant qu’il n’y avoit que des lettres, elle creut que c’estoient de celles de Phillis. Desirant donc outre mesure de voir les secrets de cette bergere, elle s’assit sous un arbre, et les desployant toutes en son giron, la premiere qu’elle rencontra fut telle.