Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/518

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portoit ou de peur que ses secrets d’amour n’eussent esté veus par quelque autre ? Mais si cela estoit, il ne les porteroit pas sur luy, de crainte de les perdre. Que seroit-ce donc, et comment les auroit-il eues ? Et lors jettant la main sur la premiere qui se presenta, elle la trouva telle.

Lettre D’Astrêe à Celadon .

Il vous sied bien, mon fils, d’avoir moins de courage que moy ! Vous dites que c’est un signe que j’ayme moins que vous, mais voyez comme je l’entends au contraire. Ce qui me fait supporter toutes les peines qui se présentent pour vous, c’est sans plus l’amitié que je vous porte. Doncques ceste affection qui me fait surmonter les plus grandes peines doit estre la plus grande, et ainsi ce courage que vous blasmez en moy est une vraye marque de mon affection. Ne vous laisses donc plus emporter à l’ennuy que vous donnent nos communs ennemys (c’est ainsi, Celadon, que je les nomme et non pas nos peres) si vous voulez que je croye vostre amitié esgale à celle qui me fait non seulement surmonter, mais mespriser pour vous toutes sortes de peines et d’incommoditez.

Leonide leut ceste