Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/537

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rencontra à sa porte Amasis, à qui elle raconta le mal de Galathée, luy disant qu’elle ne croyoit pas que ce fust autre chose qu’une migraine qui se passeroit aussi tost qu’elle auroit un peu reposé. Elle la creut aisément, d’autant que s’estant approchée de Galathée, elle luy vit le visage tout en feu. La nymphe à la venue de sa mere, fit semblant de s’esveiller, et se levant en sursault, luy fit la reverence, et tenant une main sur les yeux, reconfirma ce que Silvie luy avoit dit. Elle luy conseilla de se mettre au lict pour se reposer pour ce soir, afin qu’elle peust mieux assister au feu de joye qui se devoit faire dans deux ou trois jours. Et apres avoir parlé à elle quelque temps, elle se retira pour luy en donner le loisir.

Galathée qui estoit bien aise de cette excuse pour estre seule, fit sortir chacun de. sa chambre, et s’estant deshabillée, se mit au lict, ne voulant autre aupres d’elle que Silvie à qui elle ordonna de demeurer en sa ruelle afin qu’elle la peust. entendre si elle l’appelloit. Silvie qui sçavoit bien quel estoit ce mal, preparait les remedes qu’elle prevoyoit estre necessaires, mais elle fut bien deceue, car la nymphe demeura jusques à la nuict sans parler, comme si elle eust attendu que Silvie commenças. En fin quand l’heure du repas fust venue : Allez-vous en souper,