Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/540

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tout vray que vous estes trop avisée pour vostre age, et qu’à vostre consideration je veux r’appeller Leonide, à qui j’avois deffendu ma maison ; mais avec protestation que je veux que vous soyez la plus proche de ma personne, et que c’est à vous que je remettray tous mes secrets. Jusques icy vostre bas ; age m’en a empeschée, mais je connois à ceste heure que si. vostre corps est jeune, vostre esprit est vieux et sage. Et pour-ce tenez, vous d’or en là le plus pres de moy que vous pourrez, et : sans que je vous appelle, entrez librement par tout où je seray, car je le veux ainsi. Et afin que Leonide vous soit obligée, mandez luy ce que vous avez fait pour elle et qu’elle revienne. – Madame, respondit Silvie, en luy faisant une grande reverence,-et au lieu de la main baisant son linceul, l’honneur que vous me faites est si grand que je ne l’oubliray jamais, et ne sçaurois penser qu’autre consideration que vostre seulle bonté vous ait peu pousser à me faire ce bien. Je le reçois comme ceux que les dieux nous envoyent outre nostre merite, et vous jure, madame, que de volonté et fidelité je ne failliray non plus en ce que je connoistray concerner vostre service, qu’à ce que je dois aux grands dieux mesmes. Et quant à ce qui touche Leonide, ne seroit-il point plus à propos que vous attendissiez le jour des feux de joye qu’Adamas fera, afin que vous fassiez semblant