Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/600

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que chacun pour estre entendu, a esté contrainct de dire comme eux et consentir à leur erreur.

– Et quoy ? mon pere, respondit le berger, Tautates, Hesus, Tharamis et Belenus, ne sont-ce pas les dieux que l’on nous dit, à sçavoir Mercure, Mars, Jupiter et Apollon, mais un Dieu seulement ? – Pleust à Dieu, mon enfant, dit le druide, que je peusse bien faire entendre ce que vous me demandez ; mais où vostre intelligence ne peut monter, il faut que la croyance que vous avez en moy vous porte et vous retienne. Sçachez donc que les estrangers, voyant que les Gaulois adoroient et reclamoient TAUTATES en toutes leurs affaires, et au commencement de tous leurs voyages, et de toutes leurs actions, et de plus considerant que naturellement ils sont eloquents, et qu’ils se plaisent à bien dire, ils jugerent que c’estoit Mercure, qu’ils disent estre dieu, non seulement de l’eloquence, mais presidant aux chemins, inventeur des arts et le protecteur des marchands et de ceux qui trafîiquent. Et apres, remarquant qu’en nos guerres nous reclamons HESUS, ils creurent que c’estoit Mars, qui pour eux est tenu le dieu des armées. Et parce que, quand nous demandons d’estre nettoyez de nos fautes, il nous oyoient appeller THARAMIS, ils penserent que c’estoit Juppiter, duquel ils