Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/634

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tant s’en faut, c’est ce qui me rend tesmoigriage du contraire ; mais changez ceste estime en amitié, et cest honneur en familiarité ? et je seray content. – Vous estes trop raisonnable, respondit-elle, pour en vouloir d’avantage de moy, contentez-vous, gentil Paris, que je vous ayme, et vis avec vous comme si vous estiez mon frere. Ce n’est pas que je ne sçache bien qu’estant ce que vous estes, une bergere, telle que je suis, ne le devroit pas oser, mais j’ayme mieux faillir aux loix de la civilité que de vous deplaire, puis que vous le voulez ainsi. – C’est bien, repliqua Paris, un commencement de ce que je desire, mais non pas tout ce que je veux. – En cela, dit Diane comme en toute autre chose, il faut que vous regliez vostre volonté à la raison. – II vous est aysé, respondit Paris, de donner et suivre ce conseil, mais n’est-il pas raisonnable que quelquefois Diane choisisse quelqu’un qu’elle rendra heureux, et avec qui elle puisse vivre heureuse ? – Ce choix, repliqua-t’elle, est bien mal aysé à faire, et pour ne m’y tromper, je le remettray tousjours à ceux qui sont plus sages que moy. – Et qui sont-ils ? adjousta Paris. – Et qui peuvent-ils estre, dit-elle, sinon ma mere et mon oncle ?

Paris vouloit respondre lors que Tircis l’interrompit pour luy monstrer une jeune branche. Diane en fut bien ayse, car ce discours commençoit de la presser bien fort, et au contraire Paris bien ennuyé, qui desiroit de sçavoir