Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/668

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autre advantage que mon desplaisir ? – Il ne faut point, me respondit-il, que vous me le persuadiez avec plus de paroles ; mon affection qui tient entierement le party de vostre volonté, m’en represente plus que je ne vous sçaurois dire. Je feray jusques à la mort tout ce que vous m’ordonnerez, sans autre dessein que celuy de vous obeir. Toutesfois si mon affection, si mes services et si mon obeissance en ceste derniere action doivent esperer quelque chose de plus avantageux que d’estre chassé de vostre presence sans aucune demonstration d’amitié, je vous supplie, et si toutes ces choses n’ont point de pouvoir envers vous, et que ma consideration ne soit point assez forte, je vous conjure par ce que vous aymez le plus et qui peut-estre est la cause que vous me bannisez ainsi, que pour la fin de mon espoir et pour la derniere importunité que vous recevrez de cet infortuné amant, vous me permettiez qu’en vous disant ce dernier et eternel Adieu, je puisse vous baiser et la bouche et la sein. Je rougis certes, ô grande nymphe, en le racontant (dit-elle, se mettant une main de honte sur le visage) mais il faut que je l’advoue, il est vray, je luy permis, me semblant que sa bonté m’y obligeoit, et de plus que j’eusse fait tort à l’amitié que je portois à Palemon, si je n’eusse accordé la requeste