Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/684

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Dieux ! quel coup de cousteau receus-je, mais plus encore quand le berger ne se contentant point de ces extraordinaires faveurs, luy descouvrit le sein, et sans resistance le luy baisa. Amour ! quel devins-je ? mais, ô dieux ! quel devois-je devenir ? Je ne sçay comme je pus le souffrir et vivre, si ce n’est que tout ainsi que mon affection estoit celle qui m’en faisoit avoir de si extremes ressentiments, elle-mesme aussi me donnoit de la constance de supporter ce que je pensois luy estre agreable. Pantesmon partit et je partis aussi, luy pour moy mal satisfait, et moy pour luy entierement desesperé. Voyez comme Amour nous chastioit l’un par l’autre ! Or dites-moy, je vous supplie, sage nymphe, eussiez-vous, creu que j’eusse aimé, si je n’eusse point ressenty un coup si sensible? Et le ressentiment pouvoit-il estre accompagné de plus de discretion que de n’en parler à personne ? J’advoue que j’essayay de r’avoir ma liberté ; et lors que je trouvois plus de difficulté à démesler les liens dont elle me tenoit pris, je dis plusieurs fois en moy-mesme, qu’il falloit couper ceux qui ne pouvoient estre dénouez. Et sur le point que je faisois le plus d’effort contre ma volonté, il est vray qu’elle m’envoya l’une de ses amies. Mais quel pouvois-je penser que fust ce message, qu’une