Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/702

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ou marrie. Et Adraste couché de son long, quouy que sans sentiment, ne laissoit d’en causer un si grand de son ennuy en ceux qui le regardoient, que Doris mesme en fut touchée de pitié. Toute cette trouppe accourut à luy, et luy rapporta tout le secours qui fut possible, et le voyant revenu, Leonide accompagnée d’Astrée, et de ses compagnes, les laissa tous trois. Mais ils ne furent pas long temps ensemble, car incontinent apres Palemon prenant Doris sous les bras, s’en alla du costé de Montverdun, et Adraste les ayant accompagnez quelque temps de l’œil, et commençant à les perdre entre quelques arbres : Or allez, dit-il, plus heureus que parfaicts amants, allez et jouissez de vostre heur et du mien, cependant que contraint par une trop injuste ordonnance, j’yray payant de mes larmes durant le reste de ma vie, le bien que vous possederez. Ces paroles furent les dernieres qu’il dict de long temps d’un jugement bien sain ; car depuis son esprit se troubla, de sorte qu’il en perdit l’entendement, et fit des folies si grandes que ceux mesmes qu’il faisoit rire ne pouvoient s’empescher d’en avoir compassion. Hylas qui ne trouvoit point de justice au jugement que la nymphe en avoit fait, soustencit contre tous que ce different pouvoit estre terminé plus equitablement. Et parce que Leonide et Paris n’ignoroient pas l’humeur de