Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/764

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temps luy presenta les lettres qu’il en avoit. Et elle, luy ayant demandé qui luy avoit fait faire ce voyage, il respondit que ç’avoit esté vous, depuis que nous estions au palais d’Isoure. Galathée alors se tournant à moy, en pliant les espaules : Voyez, dit-elle, quelle est l’humeur de vostre compagne ! Et refusant les lettres, luy commanda de me les donner pour vous les envoyer. Et puis se retirant en sa chambre, car de fortune elle venoit de se promener, elle me commanda de la suivre. Cela fut cause que je ne peus dire autre chose à Fleurial, sinon, prenant ses lettres, qu’il m’attendist en ce lieu, jusques à ce que j’eusse parlé à la nymphe. Aussi tost qu’elle fut en son cabinet, et qu’elle vit que j’estois seule : Que vous semble, me dit-elle, de vostre compagne ? N’est-elle pas resolue de me rendre tous les desplaisirs qu’elle pourra ? – Madame, luy respondis-je, je ne sçay que dire sur cela, il faut parler à elle pour sçavoir quel subject elle en a eu, et quel a esté son dessein. – Je le sçay, repliqua-t’elle, mieux qu’elle ne vous le dira, car elle ne vous confessera pas la vérité, et je me doute bien de ce qui en est. Elle a donné advis à Lindamor que j’aymois Celadon. – Seroit-il possible, madame, respondis-je, qu’elle eust pris la peine de luy escrire ces nouvelles de si loin, et ayant à faire un chemin si dangereux ? – Voyons, me dit-elle, les lettres de Lindamor, et vous cognoistrez que je ne mens point. Et lors me les ostant