Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/869

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vaincue du malheur, ny lassée de travailler pour le bien et la seureté de l’empire, fit encore de telle sorte que Walia fut esleu roy. Ce Walia estoit un grand et sage capitaine qui ayant devant les yeux l’exemple des deux rois, ses predecesseurs, se resolut de se servir de la prudence, pour eviter une semblable fin. Il fait donc semblant au commencement d’estre le plus grand ennemy de l’empire, fait de grands preparatifs pour l’attaquer et faignant d’estre mal avec la sage Placidie, envoye denoncer la guerre à son frere qui estant adverty sous-main par sa sœur, fait de son costé courage des bruit d’une armée infinite, qu’il preparoit contre les Goths, et espouvanta de sorte ces barbares par l’aide de Walia qu’en fin le peuple mesme demanda la paix, qui fut conclue au grand contentement de Placidie, qui voyant l’empire asseuré de ce costé, desira de sortir d’entre leurs mains, et se retirer en Italie, où elle fut receue de son frere, et de tout le peuple, tout ainsi que si c’eust esté un grand chef de guerre à qui le triomphe eust esté decerné. Il sembla qu’en ce temps la fortune fut lasse de travailler cette sage princesse, d’autant que retournée en Italie, elle fut aimée et honorée de chacun, et mesme de Honorius son frere, qui se ressouvenant du soing qu’elle avait eu de delivrer l’empire des armes des