Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/873

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armes. Au contraire j’ay recogneu en luy tant de bonne volonté pour nostre conservation, que veritablement tous les Gaulois luy doivent estre obligez. Pour ce suject je fus curieux d’avoir son pourtrait, que j’ay mis contre celuy d’Attila, parce que ce fut luy qui chassa ce fleau de Dieu des Gaules. Vous voyez bien à ce nez acquilin sa generosité, à ce front large et coupé de rides, sa prudence, et à ses yeux vifs et ardans sa vigilance et sa promptitude. Et à la verité, c’estoit un des plus prudens et des plus vaillans hommes de son temps, prevoyant les choses avant presque qu’il y en eust aucune apparence, plein de courtoisie, et de telle sorte liberal, qu’à l’imitation d’Alexandre, il ne se reservoit que l’esperance. Or celuy-cy fut esleu par Honorius, pour achever l’entreprise d’Espagne, à quoy l’advis de Placidie eut beaucoup de pouvoir. Elle en avoit une tres-bonne opinion par le rapport que Constance luy en avoit fait. Mais combien est l’homme miserable, d’estre au jugement des hommes ! Si vous y vivez sans reputation, et que vos effets ne respondent incontinent à l’opinion que l’on a conçue de vous, vous estes soupçonné de n’y pas marcher rondement. Et le pis est, quand il en faut rendre conte à une personne qui n’en a point d’experience. Ce fut