Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/939

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J’estois pour mon malheur prest à partir des lieux
Où dans le sein d’autruy je me laissay moy-mesme,
Lors que plein de regret en mes derniers a-dieux
J’allois contre l’Amour proferant ce blaspheme:

Doncques, cruel Amour, si tu faits qu’elle m’aime,
Et que je l’ayme aussi cent fois plus que mes yeux,
C’est seulement à fin qu’un regret plus extreme
Nous blesse l’un et l’autre, et nous offence mieux.

Mais quand je pris congé: Souvien-toy, me dit-elle,
De revenir bien tost, et de m’estre fidelle.
0 tourment bien-heureux guery si doucement !

Content en mon malheur, je fus contraint de dire:
Je cognois qu’on peut estre heureux mesme au tourment
Et que le bien d’amour surpasse son martyre.

Cependant Valentinian qui estoit infiniment amoureux de la sage Isidore, continuoit sa recherche, mais avec toute sorte de discretion, et pensant que le refus qu’elle faisoit de