Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/981

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mois de ceste sorte. En fin ayant esté arsesté à Constantinople dix-huict ou vingt mois inutilement, je me resolus de me faire porter dans les vaisseaux qui m’attendoient au port, et m’en vins à Ravenne où Valentinian s’estoit retiré pour sa seureté avec Eudoxe, et ce qu’il avoit eu de plus cher, ayant abandonné Rome à toute sorte de violence, si la paix ne fust survenue, comme je vous, ay dit.

Estant donc l’Italie r’asseurée de sa peur, et plus encores lors que la mort d’Attila fut sceue, Petronius Maxime, mary de la sage Isidore, se resolut de faire sa vengeance, luy semblant que toutes choses secondoient son dessein. Il l’avoit tardé, tant qu’Attila avoit esté en Italie, pour la crainte de ce barbare, et qu’il avoit opinion que le peuple mesme ne pouvant supporter ce prince fay-neant feroit quelque sedition publique, voyant maintenant que ces occasions de crainte estoient passées, et que le peuple avoit supporté avec patience la nonchalance de I’empereur, il se resolut à l’entiere vengeance, et à ne la plus dilayer. Il avoit une grande auctorité dans l’empire par ce qu’il estoir patrice, et ayant le dessein de se venger, et peut-estre de se faire empereur, avoit de longue-main acquis l’amitié du peuple et des soldats : de ceux-cy par sa liberalité, car il estoit fort riche, et de ceux-là se rendant populaire, et joignant tousjours sa