Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/999

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de mes blesseures, et n’eust esté que la belle Eudoxe me deffendit de ne point executer mon dessein, que le Vandale ne fust prés de Rome, à fin d’estre plus asseuré, il n’y a point de difficulté que, j’eusse desja mis la main sur le tyran. Et à ce coup voyant qu’au lieu de deffendre l’estat qu’il avoit usurpé, il le laissoit en proye à ces barbares, j’eus peur qu’il ne se sauvast et que Genseric ayant quitté l’Italie, il ne revint encores en sa tyrannie. Cela fut cause que je me mis apres luy, avec quelques uns de mes amis, et l’atteignis sur le bord du Tibre, ainsi qu’il remontoit à cheval apres avoir repeu, pour faire une grande traitte, et se jetter dans les montagnes. Encores que ceux qui venoient avec moy fussent harassez du chemin que nous avions desja fait, et d’un nombre beaucoup plus petit, si fis-je resolution de le charger, et de ne le laisser point passer plus outre. Je le deffie donc sur la meschanceté qu’il a faite en la mort de l’empereur, en l’usurpation de l’Italie, et en la force commise contre la belle Eudoxe, et parce qu’il se sentoit coulpable et de l’un et de l’autre, il refusa de venir aux mains avec moy, et voulut prendre la fuitte, dont les siens mesmes furent tant animez, que se joignant presque tous avec mes amis, ils coururent apres. Et de fortune mon cheval allant plus viste que tous les autres, je l’atteignis le premier, et luy donnay un si grand coup sur la teste, que fust