Page:Urfé - L’Astrée, Troisième partie, 1631.djvu/62

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le voir atteint du mesme mal qu’il souffroit ; mais il eut peur que s’il s’engageoit aupres de ce chevalier, il ne perdit l’occasion de faire service à Diane ; outre que cognoissant Tersandre et Madonte, il avoit volonté de-les advertir de ce qu’il avoit appris. Ces considerations furent cause, que reprenant le chemin qu’il avoit laissé, il continua son premier dessein.

A peine estoit-il hors de ce bois, que jettant la veue dans le grand pré qui le joignoit, il vit venir la belle trouppe qu’il alloit cherchant, et qui s’en venoit à petit pas, tantost chantant, et tantost discourant de diverses choses. Entre les autres il y avoit Astrée, Diane, Phillis, Stelle, Doris, Aminthe, Celidée, Floris, Circene, Palinice, et Laonice ; car encor que quelques-unes de celles-cy fussent estrangeres, si est-ce que le desir de voir la beauté d’Alexis, que chacun louoit si fort, et les raretez qu’on disoit estre en la maison d’Adamas, les fit joindre à cette compagnie. II y avoit aussi plusieurs bergers, entre lesquels estoit Lycidas, Silvandre, Hylas, Tircis, Thamire, Calidon, Palemon et Corilas, qui ne cessoient ou de chanter, ou de discourir comme j’ay dit, pour tromper la longueur du chemin. Et de fortune quand Paris les apperceut, Hylas chantoit tels vers.

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