Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de fin drap bleu, se tenant sur ses gardes et dans sa correction comme un soldat avant l’inspection, assurant même sa voix par une petite toux répétée pour désobstruer son larynx.

La diligence qui venait de descendre une côte à grande vitesse dans un nuage de poussière avait ralenti son allure et escaladait maintenant une montée ; sur la banquette, les deux soldats riaient haute- ment avec le conducteur, faisant mille lazzis qui réjouissaient fort le gros voyageur de commerce. Mondor, vêtu de son carrick vert bouteille, avait mis pied à terre pour se dégourdir les jambes en compagnie de l’ingénue de sa troupe. L’intimité régnait déjà dans cette maison roulante, chacun s’était arrangé au mieux : de ses aises, seuls les voyageurs du coupé n’avaient point encore rompu la glace ; un malaise étouffant tyrannisait les trois compagnons de cette cellule vitrée.

« Grand’mère, dit tout à coup la jeune fille, à quelle heure exacte arrivons-nous à la Flèche ? »

L’aïeule posa son livre, retira ses lunettes et répondit de manière indécise, si bien que] Florval ne craignit pas de fournir des indications. Ayant fait le voyage déjà à diverses reprises, il déploya son savoir et aborda avec détails minutieux les agréments et les ennuis de la route, il parla des relais, des auberges, des couchées et des dînées de la diligence. La vieille dame, évidemment séduite par sa distinction et le