Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des buveuses de moelle humaine, de toutes ces misérables qu’on nomme filles de joie et qu’on devrait bien appeler « filles de douleur ». Ces avorteuses sont faites pour les avortons du sentiment, pour les amoureux de table d’hôte, pour les hâtifs sans tact qui préfèrent les viandes froides de buffet au succulent consommé préparé par une main experte et dévouée, pour les vaniteux enfin et les imbéciles qui forment le plus gros contingent de cette planète. Ce sont des Parisiennes, à vrai dire, mais des Parisiennes à l’usage du continent incontinent ; je voudrais qu’on les nommât des Continentales, car elles hébergent l’Europe qui devient pour elles…, excuse cet horrible à peu près : le Taureau des Danaïdes.

Mais, si tu veux parcourir les pépinières des amours de Paris, fureter dans ces ateliers où chantent des Mimi Pinson, t’arrêter en contemplation devant ces jolis grands trottins fluets qui arpentent si allègrement le macadam des rues ; si tu t’intéresses à certaines petites bourgeoises, Parisiennes à la vingtième génération d’adorable roture, si tu flânes dans certains demi-mondes d’art, de Montrouge à Batignolles, si tu pénètres dans quelques salons privilégiés, où l’esprit et la gaieté mettent des stalactites aux lustres et des diamants dans les yeux de femmes, ah ! Hijo mio ! c’est dans ces milieux divers qu’on trouve ces pécheresses aimantes, étourdissantes d’humour, de goût, de bonté, enveloppantes,