Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/311

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avec un goût surprenant. Rien ne choque dans ce décor qui semble fait pour rehausser leur fine élégance ; elles y apparaissent vêtues de négligés audacieusement vaporeux, de robes de satin ou de crépon japonais où volent des oiseaux ou des chimères fantastiques, traînant des babouches d’enfant dans lesquelles se jouent leurs petits pieds cambrés dont on voit le rose saumoné au travers des mailles d’un bas de soie. Avec cela, éclatantes de fraîcheur, aimant le luxe du linge jusqu’à la monomanie, jalouses d’entretenir des blancheurs parfumées autour d’elles, attirantes de propreté, jusques et sinon surtout, dans les dessous, et en plus, étonnamment sourdes aux sommations de l’âge, dans ce Paris-Jouvence où, pour elles, ne tombent jamais les brouillards de l’ennui. Peut-être aussi, à mon sens, aiment-elles mieux que jadis. Ce sont assurément ces mêmes Parisiennes, dont parle Gozlan, qui ont parfois suivi en Egypte, en Italie, en Russie, des nuées d’officiers à qui elles avaient donné leur cœur à quelque bal champêtre, sous l’époque consulaire ou impériale. Ni les sables du désert ni les glaces de la Bérésina ne les arrêteraient encore aujourd’hui sur le chemin de leur dévouement ; elles nettoyeraient le fusil, laveraient le linge, panseraient les plaies, saleraient la soupe et égayeraient la marche de leurs glorieux époux ; mais leur sentiment en souffrirait peut-être davantage. Leur idéal est plus pacifique, sinon moins