Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/58

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littérature et plus spécialement dans nostre poésie. La chevalerie avôit vécu, mais on se monstroit peut- estre plus chevaleresque, plus preux que jamais ; François Ier raffoloit des Amadis et aymoit à voir flatter ses gousts ou plutost son orgueil. Héros fabu- leux et héroïnes romanesques du moyen âge reve- noient en faveur ; les flexibles courtisans, ces serin- gues de la flatterie, disoit-on, les jeunes muguets et les belles damoiselles se plongeoient dans l’idéal des passions surhumaines avec les Lancelot, les Renaud, les Olivier, les Artus, les Roland, les Tristan, les Cléomade, ou la divine Clarémonde ; ils faisoient de tous ces romans extraordinaires, presque autant de bibles de l’amour héroïque et de la noble foy cheva- leresque, autant de codes de la loyauté et de l’hon- neur.

Au milieu des naifves peinctures de ces grandes fictions, qui alloient de Finouï au sublime, l’esprit françois s’esiouissoit et s’enthousiasmoit pour ces amours, ces tournois, ces prodiges ; l’âme s’ensorce- loit aux sortilèges de Merlin l’enchanteur, sans iamais se laisser assaigir dans sa course folle à travers tant de fables puissantes et gigantesques.

C’est de cette gothicité intellectuelle que sortit pour ainsy dire notre poésie si éminemment vivante et chaude du xvi° siècle, et surtout cette gualanterie alambiquée et charmante, tout en l’honneur des Dames de Cour. Chasque poëte fist porter à sa muse