Page:Uzanne - Son altesse la femme.djvu/60

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s’écrioit dans un rondeau charmant — un bijou de son œuvre — en une heure de profonde tristesse et de despit amoureux :

Au bon vieux temps, un train d’Amour régnoit Qui, sans grand, art et dons, se démenoit ; Si qu’un bouquet donné d’amour profonde, Ces toit donné toute la terre ronde ; Car seulement au cueur on se prenoit.

Et si par cas à jouir on venoit, Sçavez vous, bien comm’ on s’entretenoit ? Au bon vieux temps.

Or est perdu ce qu’Amour ordonnoit : Rien que pleurs saints, rien que change on n’oit. Qui voudra donc qu’à aimer je me fonde ; Il faut premier que l’amour on refonde Et qu’on la mène ainsi qu’on la menoit Au bon vieux temps.

Ce bon vieux temps n’était vrayment pas regret- table pour les heureux qui vinrent à naistre vers l’aurore de ce fécond xvie siècle où les mœurs s’alté- rèrent peut-être, mais où le goust se forma si rapi- dement. La politesse du langage, l’élégance des manières, la grâce adorable des Beautés qui appa- roissoient à la Cour et qui aydoient les Roys à régner apportant avec elles l’esprit, l’esclat, la magni- ficence, la courtoisie, toute une lumière d’art dont elles estoient le foyer estincelant ; la coquetterie qui prenoit alors des allures fines, desjà quintessenciéd^