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d’excès et de débauche. L’École polytechnique, l’École de Saint-Cyr, l’École des mines, l’École forestière, l’École des arts et métiers, s’emparent d’un grand nombre de jeunes gens, dès leur sortie du collège, pour les soumettre à une plus sévère discipline, pour exiger d’eux des études nouvelles et sérieuses, et pour leur donner par l’émulation le goût et l’habitude du travail, d’une vie occupée, et l’amour du savoir.

Malgré tous les préjugés contraires, comme le dit La Fontaine, l’argent est ce qui cause nos peines ; il donne pour hôtes les soucis, les soupçons, les alarmes variées.

L’argent est une première cause de toutes ces délicatesses, de ces caprices, de ces exclusions, de ces douleurs, de ces dégoûts, de ces fatigues, de ces paresses des estomacs qui ne peuvent rien se refuser.

Dans les grands dîners de nos premiers restaurateurs ou de bonnes maisons, l’estomac se trouve certainement placé dans les conditions les plus funestes. L’abondance des plats, la variété excitante des sauces, souvent la chair des rôtis amollie par la chaleur du four et non saisie et rendue succulente par le feu de la broche, les légumes aqueux, la pâtisserie flasque et qui ne crie pas sous la cuiller, les crèmes tardives et les entremets, qui ne font que surcharger : tout cela, convenez-en, est une rude besogne de digestion imposée à l’estomac. Les grands vins sont encore plus souvent frelatés et plus falsifiés que les vins des crus médiocres, et dans ces dîners si peu hygiéniques on tient à honneur de vous donner de grands vins qui, le plus souvent, ne le sont que de cachet et de nom. Le vin de Champagne frappé, non point après, mais pendant le repas, serait,