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lité. Aucun de mes ministres, depuis trente ans, n’a été fatigué de quoi que ce soit touchant les nombreuses centaines de millions que je leur ai fait ordonnancer.

Tout cela est bien et dûment ficelé et enterré dans les catacombes de la Cour des comptes.

Disposé à la retraite, j’ai accepté, de la main d’un ministre ami, un successeur par anticipation. M. Laisné, instruit, sorti de l’école par excellence, calme, exact, positif, sait déjà presque tout le grimoire.

Retiré, je l’aiderais encore de mes conseils, et le ministère gagnerait huit mille francs à ce plan, parce que j’indiquerais le moyen de ne pas le remplacer.

Je croyais ma présence utile jusqu’au commencement de 1841.

De tout ce qui était à créer pour faire marcher la nouvelle loi départementale, il reste à faire le règlement général auquel je travaille depuis deux ans (vous en avez une épreuve, monsieur le ministre), et l’instruction sur les comptes départementaux à faire approuver, à l’avenir, par ordonnances royales.

Il suffit que ces deux objets très-importants soient publiés avant le 1er janvier.

Mais la répartition du fonds commun et l’instruction sur la formation des budgets départementaux de 1841 sont à l’ordre du jour. Le règlement de ces budgets en est la conséquence.

Si, monsieur le ministre, vos vues pour l’organisation de votre ministère doivent faire confier ces travaux à d’autres mains que les miennes, je crois vous servir en vous priant d’avoir la bonté de me le faire savoir.

Un mot de vous : j’irai vous prier de confirmer un arrêté qui m’est personnel et que j’ai dans mon tiroir.

Ensuite je me retirerai.

Je n’en resterai pas moins votre sincère et respectueux serviteur, et, ma chaîne rompue, j’aurai bientôt oublié ce qu’il y aura d’inattendu dans les circonstances qui auront amené la sortie du doyen de vos employés.

Je suis, monsieur le ministre, avec une très-haute et respectueuse considération,

Votre humble et dévoué serviteur.
Signé : Rosman.
9 juillet 1840.