Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/169

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à l’honneur. Alors, cela peut se dire sans danger, parce que cela n’est pas : alors, la liberté peut affliger quelquefois les cœurs honnêtes ; mais elle ne peut pas bouleverser la société. Mais, malheureusement, en 1800, il y avait des hommes qui pouvaient dire à d’autres : Vous avez égorgé mon père et mon fils, vous détenez mon bien, vous étiez dans les rangs de l’étranger. Napoléon ne voulut plus qu’on pût s’adresser de telles paroles. Il donna aux haines les distractions de la guerre ; il condamna au silence dans lequel elles ont expiré les passions fatales qu’il fallait laisser éteindre. Dans ce silence une France nouvelle, forte, compacte, innocente, s’est formée, une France qui n’a rien de pareil à se dire, dans laquelle la liberté est possible, parce que nous, hommes du temps présent ; nous avons des erreurs, nous n’avons pas de crimes à nous reprocher. »

L’empereur était inventif à encourager les lettres, à récompenser les savants, les poëtes, les écrivains et les artistes.

Le 27 février 1808, l’empereur assemble et préside son conseil d’État.

Une députation de la classe de littérature et de belles-lettres de l’Institut, composée de MM. Chénier, président ; de Volney, vice-président ; Suard, secrétaire perpétuel ; et de MM. Morellet, Boufflers, Bernardin de Saint-Pierre, Andrieux, Arnault, Villars, Cailhava, Domergue, Lacretelle, Laujon, Raynouard et Picard, est présentée par Son Excellence le ministre de l’intérieur, et admise à la barre du conseil.

Chénier, président de la classe de littérature et de