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Barré fut le premier directeur du Vaudeville ; sa direction dura depuis 1792 jusqu’en 1815, époque à laquelle Désaugiers lui succéda.

Barré se retira avec une pension de quatre mille francs, dont il jouit jusqu’au 3 mai 1832. Il mourut à l’âge de quatre-vingt-six ans.

Le Vaudeville est le premier théâtre qui ait rétribué honnêtement les auteurs attachés à sa prospérité. Comme Barré était auteur ; comme Piis, à qui on devait le projet de construction du théâtre, s’était réservé le droit d’y faire jouer des pièces, ils stipulèrent que les droits d’auteur seraient de douze pour cent sur la recette, à partager entre les pièces jouées dans la soirée. Lorsque l’impôt des pauvres fut établi, cet impôt fut défalqué avant le partage. Ce contrat régit encore le Vaudeville aujourd’hui, et il s’est étendu sur les autres théâtres du même genre. Seulement, il se perçoit sur la recette brute, sans tenir compte de l’impôt prélevé au profit des hospices.

Barré prit pour épigraphe de son affiche, en le modifiant pour la circonstance, ce vers connu de Boileau :


Le Français, né malin, créa le Vaudeville !


Dans le deuxième chant de l’Art poétique, Boileau a dit, parlant de la satire :


D’un trait de ce poëme, en bons mots si fertile,
Le Français, né malin, forma le vaudeville,
Agréable indiscret qui, conduit par le chant,
Passe de bouche en bouche, et grandit en marchant.


Le Vaudeville ouvrit le 12 janvier 1792.

Une pièce, la Chaste Suzanne, fait époque dans les