Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/217

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tion du Vaudeville au Caire ; nouveau couplet de circonstance, également applaudi :


Vos faibles chansons d’un héros
Peuvent-elles vanter la gloire ?
Peut-il entendre vos pipeaux
Au milieu des chants de victoire ?
À de plus sublimes concerts
Son oreille est accoutumée :
Son théâtre, c’est l’univers,
Et son chantre, la Renommée !


Un grand succès obtenu sous le consulat au Vaudeville, c’est M. Guillaume, ou le Voyageur inconnu. Ce petit chef-d’œuvre, qui date de 1800, se maintint au répertoire pendant près de vingt-cinq ans. On faisait toujours répéter les deux couplets suivants : le premier, qui célèbre la gloire de Malesherbes, le défenseur de Louis XVI ; l’autre, qui est une leçon de morale :


Ce magistrat irréprochable,
L’ennemi constant des abus,
Ce philosophe respectable,
L’ami des talents, des vertus,
Honorant la nature humaine
Par son austère probité,
Quelque part que le sort le mène,
Il marche à l’immortalité.


La chute inattendue de ce couplet (c’est ainsi que les auteurs appellent les deux derniers vers) produisit un mouvement électrique et une sensation profonde.

Voici le second couplet :


Époux imprudent, fils rebelle,
Vous aurez des enfants un jour :
À l’autorité paternelle
Vous prétendrez à votre tour.