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ble aux expressions qui lui annonçaient les sentiments du sénat.

L’entrée à Paris fut irrévocablement fixée au 3 mai. Dans la déclaration de Saint-Ouen, le roi Louis XVIII convoque, pour le 10 juin, le sénat et le corps législatif, pour remettre sous leurs yeux un travail fait par une commission choisie dans le sein de ces deux corps, et ayant pour base les garanties demandées par le sénat.

Le 3 mai 1814, Louis XVIII et toute la famille royale firent enfin leur entrée dans Paris par un temps magnifique ; la duchesse d’Angoulème était à la gauche du roi, et les deux derniers princes de la maison de Condé sur le devant de la voiture. Le comte d’Artois et le duc de Berry étaient à cheval de chaque côté de la calèche. Le cortège royal se rendit à la cathédrale pour offrir à Dieu des actions de grâces.

Depuis la capitulation du 30 mars et depuis l’entrée du comte d’Artois, c’était le bourgeois de Paris, c’était la garde nationale seule qui avait fait le service militaire de la capitale. Le 3 mai, de nombreuses légions de la garde nationale escortaient la famille royale. Quelques compagnies de la garde impériale, récemment arrivées de Fontainebleau, et auxquelles Napoléon avait fait de si touchants adieux, furent adjointes à la garde nationale ; mais ces vieux soldats ne prirent aucune part à la joie publique, et semblaient étrangers à tout ce qui se passait autour d’eux[1].

  1. Nous empruntons ces détails à une notice très-curieuse de Charles-Maurice de Talleyrand, par M. L. G. Michaud, auteur principal, éditeur et propriétaire de la Biographie universelle.