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nait un incessant et fiévreux plaisir à toutes les comédies de ce monde : elle avait la rage de vivre.

Passionnée pour les émotions du jeu dans les dernières années de sa vie, elle passait à jouer des nuits entières. À la fin d’une de ces nuits, elle appelle un domestique pour renouveler les bougies, qui s’éteignaient. Le domestique, qui avait trouvé la nuit longue, exécute ainsi les ordres qu’il avait reçus : en un instant, les fenêtres sont toutes grandes ouvertes : « En voilà, dit-il, des bougies ! » Il faisait grand soleil ; il était plus de midi.

Madame Sophie Gay a publié des romans de mœurs qui sont souvent cités comme modèles du genre.

À côté des feuilletons si remarqués de madame Émile de Girardin, sa fille, à côté de ces peintures du Vicomte de Launay, qui, par la finesse d’observation et par le style, rappelaient souvent Labruyère et madame de Sévigné, madame Sophie Gay écrivait de Versailles, dans le journal la Presse, d’intéressants et piquants souvenirs sur les salons qu’elle avait vus. Bien peu de temps avant de mourir, elle écrivit pour le Constitutionnel quelques lignes de regrets sur la mort d’une de ses anciennes amies, la baronne Hamelin.

Plus d’un théâtre représenta des ouvrages de madame Sophie Gay longtemps applaudis.

Par son charmant esprit, par ses romans, pleins de talent et de fines indiscrétions sur le cœur humain, par toutes ses qualités intimes, par les agréments de sa personne, par ses dévouements de cœur, madame Sophie Gay fut une des femmes les plus recherchées sous le