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CHAPITRE II

LES MAISONS DE JEU DE PARIS.


Trois mois de folie en 1818. — La population des joueurs de profession. — Mes deux procédés pour l’étude de l’anatomie et de la pathologie. — Le café du Roi. — Un squelette vendu. — Un dîner d’amis. — Dînerons-nous ? ne dînerons-nous pas ? — La Fille d’honneur. — Les endettés du matin ; les enrichis du soir. — Trois mois de bénéfice au jeu. — Une idée de joueur. — Messieurs de la chambre. — Les chefs de parties. — Les bouts de table. — Les tailleurs. — Les mœurs des maisons de jeu. — Un conseiller d’Etat. — Perse et Juvénal. — Une paire de bas de soie noire. — L’argot des joueurs. — Le joueur qui gagne, le joueur qui perd. — Les célébrités des maisons de jeu. — Les coups de Jarnac. — Lord Byron. — L’avare et le joueur. — Mon camarade de jeu. — La ferme des jeux. — Perrin des jeux. — Le Cercle des Étrangers. — Bernaid. — Boursault. — Bénazet. — Le cahier des charges de la ferme des jeux. — Les produits bruts de 1819 à 1837. — Les maisons de bouillotte. — Les commandants. — Ne rouvrez pas les maisons de jeu.


Marmontel écrivit ses Mémoires pour ses enfants ; il ne craignit pas de leur confesser ses péchés de jeunesse, et de leur montrer les nombreux écueils où peuvent faire naufrage une raison et une sagesse de vingt ans.

À la paternité, au talent de style et à l’esprit près, comme Marmontel, je dirai ici, pour l’expérience de tous, dans quelle route semée de périls ma jeunesse fut un instant engagée, et par quelles circonstances je passai, dans l’année 1818, d’une vie d’études sérieuses aux émotions quotidiennes du trente et quarante. Pendant trois mois, je fus joueur de profession.

De cette vie honteuse, j’ai du moins tiré d’honnêtes et d’utiles enseignements, et j’ai pu observer, depuis