Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de médecine, comme dans nos assemblées politiques, des orateurs sans talent et des esprits de travers, et ce ne sont pas ceux dont la langue reste le plus oisive.

A l’Académie impériale de médecine, les orateurs, dans les discussions, ne disent même plus : le docteur un tel, mon honorable collègue, ils disent : le préopinant.

Toutefois, Molière et Lesage ne rencontreraient à notre Académie de médecine, ni le docteur Diafoirus, ni le docteur Sangrado ; ils conviendraient que les médecins, au dix-neuvième siècle, n’ont plus la physionomie, les mœurs, ni la présomptueuse ignorance des médecins du dix-septième siècle et du dix-huitième ; ils rendraient justice à la haute raison, à l’invincible bon sens, à cette pénétration pratique, à cet esprit philosophique qui observe, compare et résume, et surtout à cet ardent amour de l’humanité qui inspire et domine les plus vives discussions des médecins de notre temps.

Malgré les infatigables recherches de la science, malgré les découvertes incessantes de la chirurgie et de la médecine, on meurt aussi sûrement au dix-neuvième siècle, que dans les siècles précédents. Mais, dans les maladies qui ne sont pas mortelles, la médecine et la chirurgie guérissent aujourd’hui plus vite que jamais, suppriment souvent la douleur, abrègent les traitements, les concilient dans beaucoup de cas avec les habitudes et les travaux du malade, et savent mieux prévoir et mieux prévenir de formidables accidents. La médecine trouve des médicaments nouveaux, d’une grande puissance, la vératrine, par exemple, contre les rhumatismes aigus ; elle s’étudie à voiler la saveur repoussante, et à épargner à la délicatesse de l’estomac