Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/176

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çons ou qu’on s’étonnait qu’il ne fît jamais un devoir, Legrand répondit en se frottant les yeux et en ayant l’air d’être pris au saut du lit.

Lorsqu’on insistait, quand les pensums venaient, et que le professeur voulait absolument avoir une explication… alors on assistait à un spectacle vraiment lamentable… celui de Legrand se levant et regardant du côté de la chaire, d’un œil terne, la bouche ouverte, comme s’il se passait là quelque chose de curieux et qu’il aurait bien voulu comprendre, mais il ne jetait que des sons inarticulés : pas moyen d’en tirer autre chose !

Il n’avait pas l’air de se moquer, ni d’être méchant ! — Non ! Il voulait bien rendre service, s’il le pouvait, mais il indiquait par des gestes sans suite qu’il n’était pas à la conversation et qu’il vaudrait mieux qu’il fût dans un hospice de sourds ou d’innocents, plutôt que de faire ses études.

Il était parvenu à les faire tout de même de cette façon ; mis à la porte de la classe, mais point du collège.


On avait pitié de lui.

« Sortez ! allez-vous-en ! »

Il ne bougeait pas ; ou bien, si on le mettait dehors par les épaules, il allait s’asseoir tranquillement dans la cour entre les colonnes : souvent en hiver, il entrait où il y avait du feu, — chez le concierge, qui ne pouvait pas le renvoyer ; car Legrand faisait paquet, et devenait trop lourd.