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XIX

LA PENSION ENTÊTARD

Oui, il faut gagner la vie de Legrand et la mienne ; j’ai charge d’âmes ; c’est comme si j’avais fait des enfants.


Je me rends chez le père Firmin, le placeur que j’ai vu avec Matoussaint, jadis, mais qui ne me reconnaît pas d’abord — il m’est venu des moustaches.

Je lui fais part de mon intention d’entrer dans l’enseignement.

« Mais ce n’est pas la saison ! Malheureux garçon, vous ne trouverez rien pour le moment. »

Il faut que je trouve ! Legrand a faim — j’ai faim aussi…

Le père Firmin continue à me déconseiller l’enseignement à une si mauvaise époque de l’année.

Il ne sait pas que Legrand a aimé et que nous en portons le châtiment. Tout le beurre salé est resté dans les mains de la connaissance et le pain manque !