Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je me décide à rentrer et à rester dans mon trou, ne me montrant plus dans les quartiers riches que pour vendre mes participes et enseigner le style.


Mais j’ai été un maladroit !

Les affaires baissent. Boulimart, que je rencontre, me dit :

« Montrez-vous donc ! Faites des visites ! Promenez vos chevaux ! Vous devenez ours. On ne veut pas d’ours dans le milieu où vous emboquez vos élèves. »

Moi je voudrais ne pas perdre mes soirées à aller chez les bourgeois que Brignolin me recommande de ménager ; je voudrais être libre, — ma journée faite — libre de travailler pour moi.


Je ne suis pas libre.

On ne gagne pas plus ou moins. On n’est pas maître de l’étoffe qui s’appelle le temps, on ne choisit pas ses heures, sa façon de vivre, quand on a la clientèle qui est la mienne.


Boulimart me répète :

« Avec votre air de sanglier, vous devez être habillé comme un lion. »


Il faut, pour pouvoir m’habiller comme un lion, que je continue à loger dans le taudis où la patricienne m’a surpris, et que je mange encore beaucoup de ces cervelas à deux sous, dont la miss anglaise a