Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/315

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des amis dans une petite crémerie. Je me mettais en négligé, j’avais l’air de rester au coin et de baguenauder comme en province, sur le pas des portes.


Il m’est défendu de sortir par les temps humides ! je ne connais que la vie à sec. Je n’ai pas depuis deux mois pu suivre un jupon troussé, un bas blanc tiré, comme j’en suivais, les jours d’orage ! Ma vie d’ermite me tue et je voudrais des chaussures à talons pour mon pauvre cœur.


Je trouve un soir une lettre près de mon chandelier.

Je fais sauter le cachet.

Matoussaint, que je n’ai pas revu depuis des siècles, est rédacteur de la Nymphe. Il m’écrit pour m’en avertir — lettre simple, point écrasante, qui ménage mon obscurité.


Je me rends aux bureaux de la Nymphe ; c’est près des boulevards, de l’autre côté de l’eau. Heureux Matoussaint !

Passé les ponts, tiré du néant, parti pour la gloire, à mi-côte du Capitole !

La maison est d’honnête apparence — sur le côté une plaque avec ces mots :

LA NYMPHE
JOURNAL DES BAIGNEURS
2e porte à gauche