Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/365

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D’ailleurs qui voudrait m’épouser, moi sans métier, sans fortune, sans nom ?


Il paraît que ce caprice-là s’est logé dans une tête brune, qui est, ma foi, charmante et qu’éclairent de bien beaux yeux !

D’où me connaît-on ?

C’est elle-même, la demoiselle aux beaux yeux, qui répond :

« D’où l’on vous connaît ? Vous rappelez-vous quand vous étiez dans un journal et que vous aviez dû vous battre en duel ? Vous êtes allé chercher comme témoin un élève de Saint-Cyr qui était de l’Auvergne comme vous. C’était tout simplement le frère de votre servante ; mon Dieu, oui… Il s’appelait comme celle qui vous parle, et qui se charge d’épousseter votre mémoire… Vous ne vous souvenez pas ?

— Oui… maintenant !

— Vous vous souvenez de mon frère ? mais de moi ?… Non, avouez !… J’étais trop petite fille pour vous… Cependant, voyons, vous devez vous rappeler qu’après le duel manqué vous êtes venu chez notre oncle… rue de Vaugirard… Vous y avez dîné deux ou trois fois… Même vous aviez l’air d’avoir faim !… On aurait dit que vous n’aviez pas mangé depuis deux jours. Malgré cela, vous avez été bien impertinent avec ma petite personne, qui vous en voulait beaucoup. Vous déclariez dans les coins que vous n’aimiez pas la musique et que mon tapotage sur le