Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/57

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Il doit être depuis longtemps dans la tombe. Peut-être mourut-il le lendemain. Je ne l’ai pas revu.

C’est lui qui a décidé de ma vie !

C’est ce vieillard me montrant d’abord le pain de l’ouvrier sûr au début, mais ramassé dans la charité au bout du chemin, puis accusant ma jeunesse d’être égoïste et lâche vis-à-vis de la faim ; c’est lui qui me fit jeter au vent mon rêve d’un métier. Je rentrai parmi les bacheliers pauvres.

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J’ai été triste huit grands jours, mais c’est l’automne ! Le Luxembourg est si beau avec ses arbres dorés sur bronze, et les camarades sont si insouciants et si joyeux ! Je laisse rire et rêver mes dix-sept ans !

Nous arrosons notre jeunesse de discussions à tous crins, de querelles à tout propos, de soupe à l’oignon et de vin de quatre sous !

Le vin à quat’sous,
Le vin à quat’sous.

« Comme il est bon ! » disait Matoussaint en faisant claquer sa langue.

Matoussaint le trouvait peut-être mauvais, mais dans son rôle de chef de bande il faisait entrer l’insouciance du jeûne, comme des punaises, et la foi dans les liquides bon marché.

Il n’était pas à jeter après tout, ce petit vin à quatre sous !

Comme j’ai passé de bonnes soirées sous ce hangar