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Et le saule là-bas, morne songeur qui rêve,
Demande qui de vous sera victorieux ;

Et l’aigle par moments, après ses longs voyages,
Quand il vient étancher sa soif au flot qui bout,
Te contemple et regarde à travers les nuages
Si tu restes debout.

Rien pourtant ne t’émeut. Sur ta base profonde
Tu demeures tranquille et ferme, défiant
Le torrent impuissant, qui se tourmente et gronde
Sans pouvoir entamer ton granit, ô géant.

Ainsi l’homme qui sent sa force et qui domine
Les uns par sa vertu, les autres par son cœur,
Aux trames que l’esprit des envieux rumine
Jette un rire moqueur.

Il rit de leur colère, il rit de leur démence.
Car il sait qu’un nadir répond à tout zénith,
Que l’ouragan plus fort trouble la mer immense ;
Mais ce qu’il sait surtout c’est qu’il est de granit.



Septembre 1856.