Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/167

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Ainsi qu’en jets vermeils l’urne des échansons
Verse dans les festins le sang des grappes mûres.
Domine de ta voix nos cris et nos murmures
Et relève, ô poëte, ô poëte vainqueur,
Tous les cœurs de la foule au niveau de ton cœur.

Ne t’inquiète point de ces hommes de prose,
Qui ne comprennent pas la beauté d’une rose,
Ni ce qu’un rossignol raconte aux fleurs la nuit ;
Qui dans un chant d’oiseau n’entendent qu’un vain bruit ;
Et qui, l’oreille close aux plaintes amoureuses
Des ruisseaux égarés dans les forêts ombreuses,
S’expliquent de travers, douces feuilles des bois,
Les longs soupirs dont Dieu vous a fait une voix ;

Qui passent le cœur vide à côté d’une tombe,
D’un enfant qui sourit ou d’un vieillard qui tombe,
Et qui ne savent pas quel mystère les ifs
Chuchottent jour et nuit aux sépulcres pensifs,
Ni quel hymne formé de splendeurs inconnues
La palette du ciel fait vibrer dans les nues
Quand le soleil descend vers l’horizon, le soir,
Rouge comme le vin qui jaillit du pressoir.