Page:Van Hasselt - Nouvelles Poésies, 1857.djvu/43

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Le voilà qui s’en va seul avec son génie,
De son nid écroulé comme part un oiseau.

Il n’a plus désormais pour abri que la terre,
Pour chevet que la pierre, et pour toit que le ciel.
L’exil lui versera son vin mêlé de fiel,
Et ses pleurs mouilleront sa route solitaire.

Mais tes pleurs, l’avenir, ô poëte sacré,
Les recueillera tous comme des perles saintes
Sa bouche de tes pas baisera les empreintes
Et chantera ton nom des siècles admiré.

Car ce nom, n’est-ce pas ? sera celui du Dante.
On accepte à ce prix le duel du destin.
On relève le gant du hasard incertain
Et l’on donne sa vie à cette lutte ardente.

La foudre aime à frapper les monts voisins des cieux,
L’ouragan à mugir dans les branches des chênes,
Et la foule à souffler la tempête des haines
Sur tout ce qui s’élève et grandit à ses yeux.

Ô poëte, va donc combattre ta bataille.