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Neuvième Appel au public français.


Je dois d’abord répéter brièvement que la Collection des Poètes français de l’Étranger a été créée le 15 octobre 1897, dans le but essentiel et spécial de rassembler et de répandre les écrivains de toutes les nationalités qui, chez eux, ont adopté notre Verbe, pour assurer à leurs ouvrages une parure de beauté et un élément de pérennité.

Ces écrivains forment des oasis de belles-lettres françaises. Parsemées sur toutes les parties du globe, ces contrées constituent une véritable extension intellectuelle de notre pays, des territoires qui lui appartiennent, littérairement parlant, prolongeant notre empire spirituel au-delà de nos frontières politiques.

La France, point sonore de l’humanité, Paris, capitale cérébrale du monde, se doivent absolument, pour ne pas déchoir, d’ouvrir leur débouché aux œuvres de ces enfants de sa langue et de son cœur. On peut railler ces mots que je réédite très volontiers : La France, l’axe immortel, Paris, le cerveau de l’univers. Peu importe ! Ils traduisent exactement la vérité. Alfred de Vigny n’a pas cessé d’avoir raison : « Ce peuple français si homogène, si ramassé dans son unité, si centralisé dans sa capitale, a une furie de prosélytisme et une vitesse d’application des idées, si ardentes à l’action, que le mouvement vient toujours de lui. » Ne perdons pas cette avance morale que nous possédons sur les autres peuples. Notons cependant en passant qu’il se poursuit actuellement une belle tentative de décentralisation, faisant rejaillir sur la province le trop plein excessif de Paris. Ce mouvement salutaire permettra aux écrivains travaillant hors la capitale d’avoir des foyers de rayonnement dans les principales villes de France. Il est excellent à tous les points de vue. Sans amoindrir Paris, il multipliera la puissance d’expansion créatrice de notre pays.