Page:Variétés Tome I.djvu/156

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loient rendre à nostre misericorde. Ils respondirent que non, d’autant qu’ils estoient encores en plus grand nombre que nous. Alors nous recommençasmes de nouveau à prendre courage et à tirer aussi furieusement qu’auparavant. Nostre admiral se trouva entre deux navires espagnols, auxquels il en donna tant à eux deux qu’ils ne durèrent guères dessus l’eau. Le dernier combat fut si heureux qu’en moins d’une heure il fut encore coullé quatre navires espagnols à fonds et sept de bruslez, tellement qu’il y a en tout vingt deux navires de perdus devant la ville de Lyma. Deux de nos navires furent brisés, mais les gens furent sauvez. Il y eut par ce moyen telle crainte et frayeur dans la ville que plusieurs prenoient la fuite, et y a apparence que, si nous nous fussions attacqués à la ville, que nous l’eussions prise, et y eussions trouvé des richesses extraordinaires ; mais il nous fust besoin premièrement de nous reparer et rafraichir jusques au lendemain, qu’il estoit trop tard, d’autant qu’il estoit venu beaucoup de gens de la campagne pour secourir la ville en cas de necessité, et aussi que nos gens estoient assez contens de la grande victoire que Dieu nous avoit donné à l’encontre de nos ennemis. Nous en rendismes graces à Dieu, lequel nous prions de continuer à nous garentir de nos ennemis.

FIN.