Page:Variétés Tome I.djvu/225

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vouloit ramasser sa monstre qui estoit cheutte à terre, lequel fit un grand vacarme et luy pensa donner un coup de canivet20 ; mais il n’avoit pas son escritoire. Il reveille sa femme, qui estoit couchée il y avoit une heure, luy demande pourquoy ce clerc estoit là ; fit responce qu’elle n’en sçavoit rien, qu’elle dormoit, que c’estoit un mauvais garçon et mal instruict, qu’il le falloit foüiller pour voir s’il avoit quelque instrument à crochetter. Cependant je demande qu’il aye à sortir de la maison, et auparavant qu’il soit interrogé.

— Levez la main, le beau fils, et gardez de gaster vostre ranver à la guimbard21. Par le serment que vous avez fait, qu’aliez-vous faire sous ce lict ? Parlez ; estes-vous muet ?

— Monsieur le lieutenant, il vaut mieux qu’il se taise que de dire quelque chose qui decrie la maison. Je vous prie, jugez-le.

— Escrivez, greffier :

« Attendu que tout le monde a eu peur du duc de Mansfeld22, qui est peut-estre l’occasion qui l’a


20. Canif. Une rue de Paris porte encore ce nom, qu’elle devoit à une enseigne de coutelier.

21. Mode du temps, dont le nom venoit de l’air d’une danse fameuse alors. Tout bon courtisan devoit

Avoir gands à la Cadenet.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
À la guimbarde le colet.

(Pasquil de la Court, pour apprendre à discourir, à la suite de le Satyrique de la Court, 1634, in-8º, p. 29.)

22. V. encore, sur cette frayeur que l’apparition de Mansfeld avec son armée sur les frontières de Lorraine jeta