Page:Variétés Tome I.djvu/233

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De s’estre mises au hazard ;
Mais il estoit desjà trop tard.
Et, pour punir leur entreprise,
Je crois qu’une telle sottise
Meritoit, comme on fit aussy,

Que l’on leur fit crier mercy.

Il estoit environ les cinq heures du soir lorsque les Broderies, les Points et les Dentelles entendirent parler de la defense des Passemens. Vous pouvez vous imaginer leur surprise, après l’eclat où elles s’estoient vües à l’Entrée, et combien elles se plaignirent de la Fortune de ne les avoir elevées jusqu’au trône que pour les precipiter dans la boüe. Aussi-tost que cette fascheuse nouvelle fut divulguée partout et que le bruit universel luy eust donné une entière croyance, on ne rencontroit plus dans les ruës que des Broderies en carrosse, qui se plaignoient les unes aux autres ; que des Poincts qui dans leur affliction ne prenoient pas seulement la peine de se mettre en linge blanc, et que des Dentelles qui, d’elles-mêmes, s’efforçoient de quitter la toile d’où elles devoient bien-tost estre separées. Il y avoit desjà quelques jours qu’elles deploroient leur malheur, lorsque le Poinct de Gênes, se trouvant dans la compagnie du Poinct de Raguse, du Poinct de Venise5, et de quelques autres, se plaignit en cette manière :

C’est aujourd’huy, noble assistance,
Qu’il faut abandonner la France,


5. La mode de ces dentelles d’Italie commença en France