Page:Variétés Tome I.djvu/243

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vèrent toutes, comme elles s’estoient donné le mot, au logis de Perdrigeon7, croyant que ce devoit estre un lieu de seureté pour elles ; mais elles rencontrèrent la place occupée par les Rubans, qu’elles trouvèrent si bouffis d’orgueil de n’estre pas compris dans l’edit, qu’ils en estoient insupportables, si bien que, ne voulant pas avoir de commerce avec de telles gens, qu’elles ne prenoient que pour des esclaves ou des foux que l’on ne laisse jamais sans estre liez, que la superfluité avoit mis en credit seulement depuis le règne de Louis XIII, et qui ne passoient auparavant que pour des noüeurs d’aiguillettes, à qui on faisoit mettre bien souvent les fers aux pieds, comme à des criminels, elles s’assemblèrent toutes au Vase d’Or, dans la ruë Saint-Denis, où on les receut à bras ouverts.

Là, chacun, parlant à sa teste,
Raisonnoit ainsi qu’une beste ;
Un autre, se tenant debout,
Vouloit mettre son nez partout ;
Tel qui proposoit une affaire
Aussy-tost conclut le contraire ;
L’autre, faisant le rafiné,
Se tourmente comme un damné ;
L’autre, de tout faisant mystère,


7. Fameux marchand de Paris à cette époque. La vogue de sa maison, consacrée par un passage des Précieuses ridicules, duroit encore en 1692, comme le prouve ce qu’en dit Palaprat dans son Arlequin Phaëton. V. notre Paris démoli, 2e édit., p. 45, chapitre l’Almanach des adresses de Paris sous Louis XIV.